42 ANNÉES DE BONHEUR ABSOLU

Près de 230 invités étaient rassemblés à l’ENSTIB, ce 29 janvier, pour saluer le départ en retraite de Pascal Triboulot, après plus de 42 ans de carrière. Étudiants, anciens élèves, personnels, représentants de la filière bois et de l’Université de Lorraine, ainsi que famille et amis du roi de la soirée, se sont retrouvés dans le Grand Amphi Philippe Séguin pour une cérémonie à son image : conviviale, émouvante, drôle et chargée de messages.

Après que Flavie Najean, maîtresse de cérémonie, a remercié les co-organisateurs de l’événement — étudiants responsables du Département des Soirées, musiciens du Lapachol, PomPoms de Pin, service technique et personnels —, le directeur, Laurent Bléron, a salué à sa façon le nouveau départ de Pascal Triboulot :

Pascal, tu sais que tout est une question d’équilibre : la rigueur et la liberté, le respect des traditions et l’innovation. Tu as su incarner tout cela dans ton management, en faisant de cette école un lieu où l’on apprend, mais où l’on rit aussi, un lieu où la créativité a constamment perduré. Tu as toujours considéré que ton métier d’enseignant ne s’arrêtait pas là. Tu as toujours revendiqué que l’école formait des citoyens responsables. Tu nous as appris à ne pas avoir peur de briser des règles… tout en restant parfaitement dans les clous (enfin, ça, j’avais déjà quelques prédispositions naturelles, je crois, et l’élève a peut-être même dépassé le maître à ce sujet !) (…) Tes distinctions, entre le Mérite Agricole et les Palmes Académiques, sont la preuve que tu as su t’imprégner des deux mondes : celui de l’agriculture, des racines et du travail bien fait, et celui de l’académie, de l’enseignement rigoureux, de la transmission du savoir. Et maintenant, te voilà Professeur émérite !

La parole a ensuite été transmise aux étudiants, qui avaient préparé un discours choral. Ainsi, Éloïse, Annaëlle, Maya et Gabriel ont pris la parole :

Aujourd’hui, nous sommes réunis pour un moment à la fois joyeux, car nous célébrons une carrière remarquable, et un peu triste, car nous voyons partir un professeur, un mentor et, pour certains, un collègue. (…) Pascal, vous n’étiez pas qu’un simple professeur, vous étiez une source d’inspiration. Enseignant d’éthique dans la filière bois, vous nous avez transmis bien plus que des notions théoriques. Vous nous avez appris à réfléchir, à questionner le monde autour de nous et à toujours garder un esprit critique. (…) Je vous assure que, grâce à M. Triboulot, j’ai pu convaincre ma mamie du bien-fondé de mon projet d’études, alors qu’elle critiquait ma soi-disant lubie pour le bois. De la sylviculture à la construction d’immeubles en bois, en passant par la première et la deuxième transformation, M. Triboulot nous a dévoilé l’étendue des possibilités qu’offre ce matériau incroyable. (…)

D’ailleurs, on se souvient tous de ce prof qui en impose, rare cours où l’on n’a pas envie de partir en pause. Lui poser des questions ? On pouvait y passer tellement de temps… Sur les bûcherons, les chasseurs, l’école, l’environnement. Et il parvenait toujours à retourner nos questions pour qu’au final, nous exprimions notre opinion. (…)

L’ENSTIB, de toi, ne gardera que du bon : Les souvenirs de tes potes les bûcherons, « Du berceau au cercueil, tout n’est que de bois », Encore une de tes phrases que l’on recycle dans nos débats. Oui, si l’on défend l’ENSTIB, notre filière et nos valeurs avec ferveur, c’est parce qu’un jour, de toi, on espère être les dignes successeurs.

C’est ensuite Yoann Quellien, PDG de Cadwork et ingénieur diplômé de l’ENSTIB, qui a remercié l’ancien directeur « qui lui a donné le goût du travail et l’envie d’aller toujours plus loin dans ses projets »

Emmanuel Chassard, secrétaire général de l’ENSTIB, est revenu avec humour et tendresse sur sa rencontre avec le nouveau directeur de Lorraine INP :

Après une très courte période à nous humer la truffe, comme le font tous les quadrupèdes et les bipèdes dotés d’un peu de savoir-vivre lorsqu’ils s’apprêtent à partager un bout de leur vie, nous nous sommes mis au boulot selon une répartition des tâches toute triboulesque : « Tu t’occupes de tout – Moi, j’incarne ». (…) Au bout du compte, je me dis que l’ours, s’il avait gardé la griffe acérée, était au moins autant fait de peluche que de poils, et que notre bûcheron savait aussi bien manier la plume que la tronçonneuse.

Racines, émotions et fiertés, convictions, rencontres et remerciements.

Enfin, le principal intéressé a pris la parole, dépassant raisonnablement le délai imparti par la maîtresse de cérémonie, pour évoquer sa relation de plus de 40 ans avec une école à laquelle il a tout donné, en recevant beaucoup en retour. De ses origines paysannes, qui lui ont transmis le goût de semer pour récolter, en passant par les rencontres marquantes de sa carrière, il a emporté le public dans un moment d’émotion palpable.

Saluant les figures emblématiques de son parcours à l’ENSTIB — l’homme politique Philippe Séguin, l’ingénieur Dominique Calvi, les architectes Jean-Claude Bignon et Dominique Gauzin-Müller, la créatrice du Forum Bois Construction Nicole Valkyser ou encore l’entrepreneur Paul Siat —, il a également rendu hommage à ses anciens élèves, parmi lesquels son filleul Louis, ingénieur ENSTIB promo 2020, Marie-Christine Trouy et Nicolas Barthes. Il a conclu en adressant une pensée à ses amis québécois « hommes des bois » Réjean Gagnon et Claude Villeneuve, ainsi qu’au naturaliste vosgien Michel Munier.

J’ai connu de nombreux moments qui m’ont rendu fier et heureux, parmi lesquels l’obtention du Label Forêt d’Exception pour la forêt de Darney-La Vôge, mais aussi le magnifique hommage du Forum Bois Construction rendu à ma carrière. » Puis, rebondissant sur la célèbre question de Groucho Marx, « Qu’est-ce qu’elles ont fait pour moi, les générations futures ? », il a répondu avec humour et émotion : « Pour moi, Groucho, celles dont j’ai eu la charge m’ont apporté 42 années de bonheur absolu. »

C’est finalement en musique, avec le Lapachol Orchestra et entouré des PomPoms de Pin, que Pascal Triboulot a vu s’achever cet hommage bien mérité, pour une carrière qui envoie du bois et qui, selon nous, est loin d’être terminée.

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à faire de cette soirée un moment aussi chaleureux qu’émouvant et joyeux.

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