Les élèves ingénieur(e)s de première année bénéficient chaque année d’une série de visites, en entreprises, ainsi que d’une demi-journée en forêt, accompagnés par une équipe de l’Agence ONF des Vosges de l’Ouest. Ce 6 décembre, ils ont été accueillis par Mireille Sévéléder, Responsable du Service Forêt, au cœur de la forêt de la Souche, à Thaon-les-Vosges. Séparés en cinq groupes, les étudiants sont ensuite partis explorer différentes parcelles forestières. Flavie Najean, responsable communication de l’ENSTIB et Thibaut Vincent, chargé de contenus audiovisuels ont suivi le groupe encadré par Jean-Pierre Victor, responsable du secteur.
La forêt de la Souche s’étend sur plus de 790 hectares répartis sur cinq territoires communaux. Elle est composée à 46 % de hêtres, 36 % de chênes, 11 % d’autres feuillus et 7 % de résineux. Comme la plupart des forêts françaises, elle subit les conséquences du dérèglement climatique : sécheresses, chaleurs excessives et pluies intenses. Ces dernières avaient d’ailleurs détrempé les sols, et ceux qui avaient chaussé des bottes en caoutchouc étaient bien avisés !
Notre accompagnateur a d’abord rappelé quelques chiffres sur la forêt vosgienne, qui couvre 50 % du territoire, soit environ 310 000 hectares. Les Vosges se classent ainsi parmi les départements les plus boisés de France, et même au premier rang en termes de volume de bois sur pied, avec environ 73 millions de m³. Ce n’est pas pour rien que l’ENSTIB se trouve à Epinal !
Les étudiants ont été sensibilisés au rôle multifonctionnel de la forêt, qui présente des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Elle alimente l’industrie française et européenne en bois de qualité, utilisé notamment dans la construction et la fabrication de meubles.
L’ONF s’appuie sur le Code forestier, qui définit les politiques forestières applicables à toutes les forêts. Chaque forêt fait l’objet d’un plan de gestion prévoyant les actions à mener sur une période de 20 ans. Dans la forêt de la Souche, Jean-Pierre Victor a présenté une succession de parcelles gérées de manière différenciée, selon des objectifs spécifiques.
« Il est essentiel de tester et de planter d’autres espèces pour mieux s’adapter au changement climatique », a-t-il expliqué. Les étudiants ont ainsi découvert une parcelle replantée après l’abattage d’épicéas scolytés. Des chênes, des pins laricio de Calabre et des pins maritimes y ont été introduits entre 2020 et 2022, après des travaux préparatoires importants. Une autre parcelle, soumise à une régénération naturelle, leur a également été présentée.
Dans la plupart des parcelles, la plantation de chênes est privilégiée. Les étudiants ont pu observer les différentes étapes et techniques d’éclaircissement, destinées à créer les meilleures conditions pour la pousse des plus beaux arbres. « On coupe un arbre pour faire de la place à un plus bel arbre. De la même façon, on travaille par éclaircie, au profit des plus belles tiges », a précisé Jean-Pierre Victor.
« Trois arbres bio par hectare ! », a-t-il ajouté. Lorsqu’un arbre est mort ou sénescent, il est conservé comme « arbre bio ». Cette catégorie inclut également les arbres présentant des cavités hautes, qui peuvent servir d’abri à des pics, chauves-souris ou insectes, ainsi que ceux avec des cavités basses, pouvant héberger des batraciens ou d’autres insectes. Certains très vieux et très gros arbres, appartenant à des espèces ligneuses rares, sont aussi préservés.
Après quatre heures à arpenter la forêt, parfois en traversant la gadoue et les nombreux ruisseaux qui parcourent les parcelles, les étudiants ont regagné le Campus Bois. Ils étaient très satisfaits de cette matinée d’échanges et de découvertes en plein air. « C’est très intéressant d’écouter les personnes qui sont en charge de la gestion de la forêt, sur le terrain« . « Après le cours en amphi, j’ai trouvé passionnant de visiter les différentes parcelles et de voir les essences à différents stades de croissance. » « Ce que je retiens surtout de cette visite, c’est que les agents de l’ONF, qui côtoient la forêt depuis toujours, ont beaucoup à faire pour trouver des solutions permettant l’adaptation au changement climatique. Planter des pins maritime, c’est une bonne idée avec le réchauffement, mais nous avons aussi entendu que ces derniers ne résisteraient sans doute pas à un hiver vosgien comme il y a 20 ans, avec des températures de – 15 ou – 20°. »
Un grand merci à l’ONF pour cet accueil exceptionnel et leur disponibilité à répondre aux nombreuses questions des élèves ingénieur(e)s.